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Éditorial

« Éduquer pour un avenir incertain : la fin de l’école prométhéenne ? » Ce titre du dossier central que propose le deuxième numéro de l’Annuel de la Recherche en Philosophie de l’Éducation, millésime 2021, et la question qu’il déploie, pourraient sembler venir tout droit de la longue période de pandémie dont nous commençons à peine à sortir – à espérer sortir ? – au moment de sa publication. Et pourtant il n’en est rien. En effet, si l’ensemble des textes qui le compose est issu du colloque de la Société Francophone de Philosophie de l’Éducation tenu en ligne, depuis Nantes, les 16, 17, et 18 juin 2021, son thème avait été décidé dès juin 2019. Il n’y a là nulle préscience, bien entendu, mais la pandémie qui avait d’abord empêché la tenue du colloque prévu en juin 2020, puis contraint à le tenir en ligne en juin 2021, aura contribué à amplifier la pertinence et même l’urgence de la réflexion que nous avions décidé d’engager. Sans aucun doute, l’interrogation que portait ce colloque nantais, animé par Céline Chauvigné et Michel Fabre, est bien une interrogation majeure, et durable, et qui justifie qu’un annuel de la recherche en philosophie de l’éducation s’en empare. L’Arphé n°2, comme l’Arphé n°1 dont le dossier était consacré à l’applicationnisme en éducation, remplissent bien ainsi dans ce champ la fonction que nous voulons attribuer à notre Annuel.

Que signifie, pour l’éducation, l’entrée de notre civilisation dans un monde qu’il est désormais impossible de considérer comme une ressource inépuisable ? La fin d’une forme d’innocence prométhéenne engage l’éducation dans toutes ses dimensions, intellectuelle, politique, éthique, esthétique même. Elle bouleverse même l’ordre générationnel quand les enfants interpellent les adultes en charge de l’avenir, quand les éduqués doutent des éducateurs. C’est à l’ensemble de ces implications éducatives que s’attaquent les textes réunis dans ce dossier.

Il est organisé en deux parties. La première partie interroge plus particulièrement comment le thème et l’horizon de la catastrophe dans son urgence mais aussi dans ses ambiguïtés, traverse la problématique éducative. La seconde partie se centre de son côté sur les implications pour l’école et l’éducation d’une lecture du monde entré dans l’âge de l’anthropocène. Bien sûr, des échos et des croisements ne manquent pas de l’une à l’autre de ces deux parties, ne serait-ce que parce qu’elles convoquent toutes deux l’ensemble des dimensions de l’éducation.

Ni le colloque dont il est issu ni ce numéro d’Arphé n’auraient pu exister sans l’accueil et l’aide de l’INSPÉ des Pays de la Loire et du Centre François Viète de l’Université de Nantes. L’ensemble de la rédaction d’Arphé et du bureau de la Sofphied tient à les remercier de leur précieux concours. Celui-ci n’est pas seulement matériel et technique, même si l’accueil dans des locaux appropriés, et tout particulièrement le support technique d’un colloque en ligne ont fourni la toute première aide indispensable ; le choix de la Sofphied d’un partenariat avec une institution d’accueil, son laboratoire, est aussi celui d’une collaboration scientifique.

Le lecteur trouvera également, dans ce numéro, la rubrique « International » et la rubrique « Recensions ». La première, poursuivant le voyage en Amérique du Sud, après un article venu de la Colombie dans le précédent numéro d’Arphé, accueille une contribution venue du Brésil. L’intention est toujours de donner ainsi un aperçu des préoccupations philosophiques touchant l’éducation en dehors de notre aire nationale. La rubrique « Recensions » rend compte de trois ouvrages. Deux d’entre eux sont de rééditions qu’il nous a semblé opportun de signaler.

Précisons pour finir que les articles du dossier ont été expertisés en double aveugle conformément aux procédures en vigueur dans les revues scientifiques. Merci aux coordinateurs de ce volume, Jean-François Dupeyron, Michel Fabre, Céline Chauvigné. Merci également aux experts sollicités pour la qualité de leur lecture et aux auteurs d’avoir accepté de retravailler leur texte, le cas échéant ;

Bonne lecture, et longue vie à l’Arphé !

Alain Kerlan, directeur de Publication.